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Assis sur un bloc de béton anti-intrusion devant l’hôtel de ville de Calais (Pas-de-Calais), Pascal Derollez ne regrette pas d’avoir attendu deux heures. D’une, il a pu finir son mot fléché ; de deux, il a vu « un truc qu’on ne voit qu’une fois dans sa vie ». La flamme olympique. Sortie du tunnel sous la Manche en début d’après-midi, dimanche 25 août, la torche brandie par une vingtaine de relayeurs a parcouru quatre kilomètres dans les rues de Calais. Allumée la veille à Stoke Mandeville, ville du nord-ouest de Londres où ont été « inventés » les ancêtres des Jeux paralympiques en 1948, la flamme a commencé son parcours dans l’Hexagone, où elle s’est scindée en douze – le nombre de jours des Jeux paralympiques de Paris 2024 (du 28 août au 8 septembre).
A Calais, elle a rassemblé plusieurs milliers de Nordistes. Certains par amour du sport, d’autres par curiosité, et beaucoup pour rattraper leur absence lors d’un premier passage, le matin du 3 juillet sous une pluie battante. Cette fois, dimanche ensoleillé aidant, ils l’ont vue. Personne ne parle d’ailleurs ici de « flamme paralympique », comme indiqué sur les véhicules de la caravane précédant les relayeurs. « La flamme, c’est la flamme ; les JO, ce sont les JO. Valide ou handicapé, ça m’est égal », lâche Eric Lannoy, électricien de 58 ans et cycliste amateur, qui prévoit d’enregistrer les épreuves pour les regarder le soir, faute de pouvoir regarder la télé en journée comme il l’a fait durant les vacances d’été. De Calais à Lourdes, en passant par Strasbourg, ce sentiment est partagé : on est venu voir la flamme olympique.
Bien installée face aux Bourgeois de Calais, la sculpture de Rodin, Françoise Fontaine est accompagnée de son fils Damien, la trentaine, déficient intellectuel depuis tout petit. Elle raconte à quel point la possibilité pour lui de s’initier au tennis, au volley et au basket une fois par semaine grâce à l’association Aller plus haut lui fait du bien – Damien répète « bien » à chaque fois que sa mère prononce le mot. « A 12 ans, il était fan de basket, mais quand j’ai voulu l’inscrire au club du quartier, on l’a refusé en me disant qu’il ne comprendrait jamais les règles. En vingt ans, beaucoup de choses ont évolué. »
Ce n’est pas Sabine Mathieu qui dirait le contraire. Cette prof de sport dans une Maison accueil spécialisée (MAS) à Eperlecques, à quelques kilomètres de Calais, court régulièrement avec certains des résidents, installés eux dans un fauteuil à trois roues. Elle prépare un semi-marathon avec l’un d’eux pour le mois prochain. « Il faut voir le visage de ceux qui ne peuvent pas parler s’illuminer. C’est phénoménal. » Accompagnée de son mari et de leurs garçons, Florentin et Stanislas – munis chacun d’une torche en caoutchouc et flanelles confectionnée par leur grand-mère –, Sabine relève qu’ils sont habitués depuis tout petit à croiser les handicapés avec lesquels elle travaille. « Les enfants n’ont pas le réflexe de recul ou le regard de pitié que les adultes peuvent avoir vis-à-vis des handicapés, plus vite, on met les jeunes au contact de handicapés, plus vite on facilite l’inclusion. »
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